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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie 11 T.O.A 2008 : Un collège pour une mission

Avec mes excuses pour le retard dans la mise en ligne de cette homélie, dû à une panne de connexion Internet.

 


   L'Euro2008 bat son plein. Des centaines de milliers de supporters se sont rendus en Suisse et en Autriche pour encourager (ou pour siffler) leur équipe favorite. Ceux qui n'ont pas cette chance sont rivés devant leur écran de télévision. Même le Pape a assuré qu'il suivrait les rencontres à la télévision, comme je le fais moi-même, chaque fois que mes occupations me le permettent (pendant mes repas, surtout).

    Pour nous, chrétiens, amateurs de football, c'est plus qu'un moment de détente, qui, non seulement ne nous empêche pas d'écouter attentivement l'
Évangile, mais qui nous aide à le méditer, tout comme les compétitions sportives de son époque aidaient saint Paul à approfondir et à proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

    Dans le passage que nous venons d'entendre, Jésus se présente comme un joueur dans une équipe. Il aurait pu s'acquitter de sa mission tout seul, en jouant les prolongations et en parcourant le monde entier à travers toute l'histoire, guérissant les malades et enseignant les foules, au lieu de le faire durant trois années, et seulement en Judée et en Galilée.

    Quand il est saisi de pitié à la vue des foules "parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger", au lieu d'accomplir toute l'oeuvre du salut à lui tout seul, il a décidé de sélectionner des "joueurs" - non pas onze, mais douze -, qu'il a convoqués pour un stage d'entraînement intensif de trois années, posant ainsi les bases d'une équipe capable de remporter non seulement l'Euro mais le Mondial ! Et cette équipe s'appelle le collège des apôtres. C'est l'ensemble des apôtres, institués par Jésus Christ lui-même, qui lui a donné une configuration hiérarchique, avec Pierre à sa tête.

    Il est permis de s'étonner ... Car ceux qu'il choisit ne sont sans doute pas les plus doués. Ce n'étaient certainement pas des anges ! Non, ce sont ceux-là même qui ont besoin d'être sauvés. Dieu a donc décidé de sélectionner les "mauvais joueurs" pour gagner une compétition de haut niveau ! Pas étonnant si l'Église est tant sifflée, tant conspuée. Mais en décriant l'Église, c'est Jésus que nous critiquons ...

    Il est tellement facile d'oublier que l'Église n'est pas partie d'un projet humain, d'une institution humaine. Le fondateur de l'Église, c'est Jésus Christ ! Il n'est pas seulement son fondateur, mais celui qui lui donne vie sans cesse :

"Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde." (Mt 26,20)

   
Dimanche dernier, nous avons entendu le récit de la vocation de Matthieu. Un tel récit ne manque pas de susciter notre admiration : Dieu est bon pour les pécheurs ! s'exclame-t-on. Oui ... mais avons-nous songé aux conséquences ? Nous avons vu dimanche dernier que la vocation était le lieu de la conversion. Aujourd'hui, l'Évangile nous montre que cela débouche sur une mission d'Église. Or, force nous est de constater que ceux-là même qui se prévalent de la miséricorde de Dieu pour ne pas se convertir, sont aussi les premiers à critiquer l'Église pour ses faiblesses humaines.

    Ce que nous avons comparé à une "équipe" s'appelle, en langage d'Église, un "collège". Tout en étant appelés, chacun, personnellement, pas leur nom, les Douze sont envoyés ensemble. Comme l'enseigne le Catéchisme de l'Église Catholique,

"Le Christ, en instituant les Douze, 'leur donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux' (LG 19). 'De même que S. Pierre et les autres apôtres constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques, successeurs des apôtres, forment entre eux un tout' (LG 22 ; cf. ⇒ CIC, can. 330)." (CEC n. 880)

    À ce collège, Jésus confère le charisme d'infaillibilité que le pape exerce quand

"il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les moeurs". (CEC n. 891)

"(Cette infaillibilité) promise à l'Église réside aussi dans le corps des évêques quand il exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de Pierre', surtout dans un Concile Oecuménique (LG 25 ; cf. Vatican I : DS 3074). (CEC ibid.)

    Pensons aussi au
Synode qui se tiendra bientôt et qui aura pour objet la Parole de Dieu.

    De même qu'il y a le Collège des Apôtres, de même il y a le Collège des Évêques :

"De même que, par disposition du Seigneur, saint Pierre et les autres apôtres constituent un seul collège, d'une manière semblable le pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des apôtres, sont unis en entre eux. (CIC c. 330)

    Ce collège ne peut jamais exister sans sa tête - le pape -, ni agir indépendamment de lui. Le concile Vatican II a précisé que le Pape est la tête du collège des évêques, et que ceux-ci doivent agir en communion avec lui et sous sa direction.

    Voilà donc le cadeau offert par Jésus à ceux qu'il institue comme de véritables pères et pasteurs dans la foi pour être au service de tous les orphelins du monde qu'il prend en pitié parce qu'ils sont fatigués et abattus comme des brebis sans berger (cf. Évangile) : l'infaillibilité.

    Et nous, quel est le cadeau que nous pouvons et que nous devons leur faire ? Réponse du Catéchisme :

"Lorsque par son Magistère suprême, l'Église propose quelque chose 'à croire comme étant révélé par Dieu' (DV 10) et comme enseignement du Christ, 'il faut adhérer dans l'obéissance de la foi à de telles définitions' (LG 25). Cette infaillibilité s'étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine (cf. LG 25)." (CEC ibid.)

    Même lorsque l'infallibilité n'est pas en jeu, il y a une assistance particulière qui oblige à un assentiment religieux :

"L'assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le successeur de PIerre, et, d'une manière particulière, à l'Éveque de Rome, Pasteur de toute l'Église, lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se prononcer d'une 'manière définitve', ils proposent dans l'exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de moeurs. À cet enseignement, ordinaire les fidèles doivent 'donner l'assentiment religieux de leur esprit' (LG 25) qui, s'il se distingue de l'assentiment de la foi, le prolonge cependant."

    En réalité, ce qui nous est demandé n'est pas un cadeau, c'est une question de simple justice. Nous serons nous-mêmes les premiers lésés si nous ne nous acquittons pas de ce devoir. En cette fête des pères, n'oublions pas que ce qui vaut pour nos pères selon la chair s'applique aussi à nos pères selon l'Esprit :

"Nous sommes tenus d'honorer et de respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son autorité". (CEC 2197)

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