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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie Épiphanie 2009 : La Paix des Étoiles (Mt 2, 1-12)

La signification théologique de l'Épiphanie et de l'adoration des Mages est assez évidente. Ce mystère atteste que Jésus n'était pas qu'un prophète juif de plus. Les Mages venaient d'Orient. Ils n'étaient pas juifs. Et pourtant, ils sont venus adorer Jésus. Cela veut dire que Jésus est le Christ, le Sauveur promis au monde entier, aux païens aussi bien qu'aux juifs.

Mais ceci ne nous dit rien sur les Mages eux-mêmes. Qui sont-ils, ces Mages-sages ? Pourquoi se sont-ils mis en route, à la recherche de l'étoile ? Cette histoire ne serait-elle qu'un mythe, comme certains l'affirment ? Ou l'aventure des Mages et leur découverte ont-elles quelque chose de plus profond à nous dire ?

Un avocat et professeur de droit, nommé Frederick Larson, a récemment appliqué sa logique d'homme de loi à cette question. Il a éudié la description de l'aventure des Mages par saint Matthieu. Cette étude l'a amené à quelques découvertes scientifiquement étayées à propos de cette étoile de Bethléhem. Il a ensuite utilisé des techniques récentes utilisées en astronomie moderne, une recherche impossible auparavant, puisque nécessitant un matériel informatique de pointe. Avec un logiciel adéquat on peut reconstituer la nuit étoilée telle qu'elle était à n'importe quel moment de l'histoire, à n'importe quel point de la planète Terre.

C'est ainsi que le Professeur Larson a fait trois découvertes qui nous permettent une nouvelle appréciation du mystère de l'Épiphanie.

Sa première découverte est à propos des Mages eux-mêmes. Il a vérifié toutes les autres références au terme "Mages" ou "sages" dans la Bible, et ensuite dans la littérature ancienne. Il a ainsi découvert que les Mages étaient au fond les "scientifiques" de l'époque, sans avoir pour autant les avantages de la méthode scientifique expérimentale moderne. Ce qui ne les a pas empêchés de conduire des études rationelles, logiques, de philosophie, de médecine et de sciences naturelles, y compris au sujet des étoiles. Ils étaient les savants, les érudits des temps anciens. Mais au lieu de travailler dans des universités, ils travaillaient pour des rois. Chaque roi finançait son cercle de savants, et les utilisait comme conseillers et comme traducteurs, et également en vue d'assurer le prestige de son royaume.

Parmi ces groupes de Mages, vénérés durant toute l'Antiquité, il y avait les Mages chaldéens qui menaient leur recherche dans la ville de Babylone, au sud de Bagdad dans l'Iraq d'aujourd'hui. Cette école était déjà bien établie 600 ans avant Jésus-Christ, au moment où le prophète Daniel était exilé de Jérusalem. Le roi de Babylone avait forcé Daniel et quelques-uns de ses compagnons, parmi les savants les plus réputés d'Israel, à rejoindre son école de Mages. C'est donc là qu'ils ont étudié, enseigné, accompli des choses admirables, tout en gardant leur foi au seul vrai Dieu, ainsi que le décrit le Livre de Daniel. Daniel n'est jamais retourné à Jérusalem. Il a mené toute sa vie de savant de pointe et de conseiller royal parmi les Mages de Babylone, non seulement en apprenant d'eux, mais aussi en partageant avec eux l'histoire, les prophéties et la foi juives.

Il n'est pas déraisonnable dès lors de penser que ses prophéties étaient connues, étudiées et transmises de génération en génération par les Mages locaux. Dans ce cas, le fait que saint Matthieu raconte que des sages "venus d'Orient" auraient vu des signes de la naissance du Sauveur et seraient venus adorer le "roi nouveau-né des juifs" serait historiquement très plausible.

Voilà donc une explication raisonnable, intéressante et éclairante de l'identité des Mages. Mais cela n'explique pas l'étoile de Bethléhem.

Pour cela, le Professeur Larson a solllicité les ressources de l'astronomie moderne. Il a programmé son logiciel pour lui permettre de voir la position des étoiles à Babylone en l'an 3 avant Jésus-Christ. Il savait que l'étoile de Bethléhem ne pouvait pas être une étoile filante, ni une supernova (explosion stellaire), ni même une comète. Ces phénomènes-là auraient été trop évidents pour tout le monde, et pourtant, le roi Hérode et ses conseillers étaient étonnés de ce que racontaient les Mages d'Orient. Le roi Hérode a même demandé quand cette étoile était apparue. Il ne pouvait donc s'agir d'un phénomène marquant mais évident pour tous. Il devait s'agir de quelque chose d'extraordinaire dans l'ordinaire - quelque chose de vraiment remarquable, mais que les Mages seuls auraient observé.

Quelque chose s'est-il produit qui réponde à ces critères en l'an 3 avant Jésus-Christ ? La réponse est affirmative. Au mois de septembre de cette année-là, la planète Jupiter, la plus lumineuse de toutes dans la nuit étoilée, suivait sa course (apparemment) rétrograde normale, mais cette fois, en décrivant un mouvement elliptique, en forme de couronne au-dessus de l'étoile connue sous le nom de Regulus.



Pour les Mages Jupiter était connue comme l'Astre-Roi, la plus brillante et la plus grande planète. Or le nom "Regulus" veut dire "Roi". La Planète-Reine couronnant l'Étoile-Reine - première coïncidence.

À cet endroit de la terre, et à ce moment de l'histoire, cette coïncidence remarquable s'est produite à l'intérieur de la constellation du Lion. Les Mages ont pu reconnaître le Lion comme étant le symbole biblique de la tribu israélite de Juda. Or, les prophéties vétéro-testamentaires annonçaient que le Messie naîtrait de la tribu de Juda - deuxième coïncidence.

De plus, la constellation qui montait à l'Orient après celle du Lion était celle de la Vierge. Et exactement au pied de cette constellation, à ce moment précis, se trouvait la lune croissante, ou "naissante". Une autre prophétie de l'Ancien Testament prédisait que le Messie naîtrait d'une Vierge - coïncidence numéro trois.

Prises ensemble, ces trois coïncidences reliaient trois éléments : Roi, juif, et naissance - la naissance du roi des Juifs.

Neuf mois plus tard, les choses deviennent encore plus  intéressantes. Au mois de juin de l'an 2 avant Jésus-Christ, la planète Jupiter, la Planète-Reine, ne se trouvait plus en conjonction avec l'Étoile-Reine, Régulus. Mais cette planète avait un rendez-vous encore plus spectaculaire à l'horizon, du côté de l'Occident. Jupiter s'est approchée tellement près de Vénus que leur lumière a fusionné, devenant la lumière la plus éclatante dans la nuit, telle que les Mages n'en avaient jamais vue. Les Mages, et, avec eux, tout le reste du monde païen, connaissaient la planète Vénus comme étant la Planète-Mère - la cerise sur le gateau.

Or, si les Mages se sont mis en route à ce moment-là, au moment où ils arrivaient à Jérusalem, l'orientation de la conjonction entre Jupiter et Vénus avait changé. En regardant le ciel depuis Jérusalem, les Mages ont dû la voir vers le sud, dans la direction de Bethléhem, très exactement. De plus, le mouvement rétrograde de Jupiter la faisait apparaître, par rapport à la position des autres étoiles, comme s'étant arrêtée dans sa course, exactement comme le fait remarquer saint Matthieu.

Voilà donc une hypothèse historique et scientifique qui, non seulement, ne contredit pas les données bibliques concernant l'étoile de Bethélhem et le périple des Mages, mais qui l'éclaire, si on peut dire, d'une lumière nouvelle. Cette théorie signifie que les incroyants ne peuvent plus se "débarrasser" de l'étoile en affirmant que ce serait un mythe chrétien. Pour nous, croyants, cela signifie que nous ne devons pas nous contenter paresseusement de coller sur ce passage de l'évangile l'étiquette d'un mystère vague et bizarre.

Au contraire, cette nouvelle compréhension de l'étoile de Bethléhem nous permet de mieux comprendre et adorer notre Dieu :

- Les coïncidences observées par les Mages n'étaient pas des miracles, nécessitant la suspension des lois de la nature ;

- Au contraire, la régularité du mécanisme de l'horloge céleste des planètes et des étoiles est parfaitement respectée.

- Et, le plus étonnant de tout, c'est que, depuis le commencement des temps, Dieu, en mettant cette horloge en marche, avait déjà prévu le jour où son Fils devait naître. Cela montre, si besoin est, que pour Dieu, la priorité suprême, c'est nous et notre salut. L'univers lui-même est centré sur Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme, notre Sauveur, notre Rédempteur, notre Ami. Et nous le connaissons. Il s'est révélé à nous par l'Église, tout comme il s'est révélé aux Mages par l'étoile.

- Bien plus, Il se donne à nous d'une manière encore plus étonnante : dans l'Eucharistie. L'Eucharistie est un cadeau merveilleux qui dépasse tout ce que les Mages auraient pu concevoir !

Ce Dieu qui conduit l'univers tout entier, qui a guidé les Mages jusqu'à Bethléhem, ce Dieu veut aussi guider nos vies, parce qu'il nous aime, et qu'il sait que nous avons besoin de son aide. Aujourd'hui, quand il vient à notre rencontre dans la Sainte Communion, promettons-lui avec un nouvel élan que, comme les Mages, nous le suivrons avec joie partout où il voudra nous conduire. Car avec Jésus, nous serons conduits vers de nobles buts, et nous ne nous égarerons jamais. Même au milieu des plus grandes ténèbres, nous trouverons le chemin.


Si vous comprenez l'anglais, vous pouvez regarder des vidéos sur ce sujet sur mon blog Marie, éToile de l'évangélisation ici et ici
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