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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie 13° Dimanche du Temps Ordinaire C 2010 – La Règle d’Or pour une vraie liberté

 

 

13 TOC

 

 

Deux parmi les disciples les plus proches de Jésus, Jacques et Jean, n’ont toujours pas compris leur Maître. Même au moment où celui-ci prend « prend avec courage la route de Jérusalem », pour accepter de se faire rejeter, humilier, torturer et exécuter, ils en étaient toujours au point de vouloir défendre sa seigneurie par la violence et la force. Ils ne manquaient pas de raisons. Jésus est le Seigneur, et il mérite le plus grand respect. Et donc, en le rejetant, la ville des Samaritains méritait un châtiment.

 

Mais d’autre part, le Christ avait expliqué à de multiples reprises qu’il prenait la route de Jérusalem précisément pour se soumettre à ce rejet de la part de tout le peuple. C’est ainsi qu’il allait nous manifester la profondeur de son amour, par sa patience et son pardon inlassable, en s’abstenant de traiter ses ennemis comme ils le méritent. Si Jacques et Jean avaient détruit la ville, ils auraient pris exactement le chemin opposé. Ils se seraient empêtrés dans les chaînes de la vengeance et des représailles.

 

Jésus ne le leur permet pas. Il leur rappelle que sa mission ne consiste pas à condamner les pécheurs, mais uniquement à annoncer la Bonne Nouvelle par la parole et par l’exemple. Il ne détruit pas son prochain comme son prochain veut le détruire. Il lui donne encore une chance.

 

Voilà la vraie liberté de la vie dans l’Esprit, comme l’affirme saint Paul. Le Christ vit pour le Royaume de Dieu, et non pas pour un royaume d’égoïsme. Il n’est donc pas esclave de la soif de popularité, de puissance et de succès mondain qui, si souvent, perpétuent le cycle de la violence dans notre monde déchu. En d’autres mots, Jésus enseigne la Règle d’Or en paroles, mais aussi par l’exemple, dans tout ce qu’il fait. Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à faire de même.

 

Saint Paul s’efforce d’inculquer la même leçon dans les cœurs des Chrétiens de Galatie. Il a consacré les quatre premiers chapitres de sa lettre pour les convaincre de ne pas retourner à l’esclavage des lois de l’Ancien Testament, qui n’étaient qu’une préparation à la loi de l’Evangile, la loi de la liberté authentique.

 

Mais il se rend compte que certains risquent d’interpréter cette liberté de travers, la voyant comme un affranchissement de toute restriction morale, une liberté de suivre toutes leurs tendances égoïstes. Ce n’est pas ça du tout, évidemment. Le péché, l’égoïsme sous toutes ses formes sont des types d’esclavage. Voilà ce que saint Paul s’attache à expliquer. Chaque fois que les membres d’une communauté s’attachent à vouloir suivre leurs inclinations égoïstes, ils finissent par se mordre, se dévorer, se détruire les uns les autres. Au lieu d’être dociles à l’enseignement de Paul, les Galates sombrent dans les dissensions internes. Alors saint Paul les exhorte à se mettre « par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

 

Combien de fois nous est-il arrivé d’oublier cette règle fondamentale de la foi, quand, comme les Galates, nous nous mettons à compliquer les choses plus que de raison. Or, si suivre le Christ était compliqué, seuls les professeurs et les génies pourraient devenir des saints, ce qui n’est pas le cas du tout. La vie chrétienne n’est pas réservée aux super-intelligents. Elle est pour tout le monde, y compris vous et moi.

 

Nous reconnaissons tous la vérité derrière la Règle d’Or, et nous voulons faire l’expérience plus pleinement de la liberté qui en résulte. Mais personne d’entre nous ne la suit d’une manière parfaite. Comme Jacques et Jean, nous ne vivons pas intégralement selon la loi de l’Esprit. Quand d’autres nous maltraitent ou nous importunent, nous voulons les détruire. Habituellement nous n’appelons pas le feu du ciel sur eux, mais nous critiquons et nous jugeons les autres dans notre cœur et avec notre langue. Trop souvent, nous succombons à la tentation de dire du mal des autres, au sujet de ceux que nous connaissons personnellement ou des personnalités publiques que nous n’avons jamais rencontrées. Nous prenons du plaisir quand ils connaissent l’échec. Nous les considérons comme des adversaires, au lieu de les voir comme des frères et sœurs bien-aimés dans le Christ.

 

 

Changerons-nous un jour ? Le temps viendra-t-il où nous serons davantage semblables au Christ, donnant aux autres une nouvelle chance, autant qu’ils en ont besoin, comme Jésus le fait avec nous ? Nous le pouvons, avec la grâce de Dieu. Il a planté la semence de la vertu chrétienne en nos âmes, et il veut la faire grandir.

 

 

Une chose que nous pouvons faire pour la faire grandir plus rapidement est de faire attention à cet aspect de notre vie quand nous allons nous confesser. Dans ce sacrement, Dieu pardonne nos péchés et nous remplit de sa grâce sanctifiante au sein de notre faiblesse, exactement comme notre corps envoie du calcium vers un bras que nous avons cassé. Souvent, dans la confession, nous nous concentrons exclusivement sur les péchés évidents. A partir de maintenant, confessons aussi nos péchés plus subtils, les pensées destructives que nous entretenons, et les critiques destructives que nous répandons inutilement.

 

Si nous faisons cela, le Christ pourra nous envoyer sa grâce bienfaisante, là où nous en avons le plus besoin, pour que nous puissions mieux suivre son exemple, et ainsi faire l’expérience plus pleinement de la vraie liberté dans l’Esprit.

 

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