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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie Jeudi Saint 2010 – Nous avons besoin d’aide-mémoire

La célébration du Jeudi Saint nous met en contact avec trois mille cinq cents années d’histoire du salut. En célébrant cette messe nous obéissons au commandement de Jésus lors de la Dernière Cène, comme nous le rappelle la deuxième lecture :


« Faites cela en mémoire de moi. »


Lors de cette Dernière Cène, il y a deux mille ans, Jésus a donné un nouveau sens à ce repas rituel que les Juifs avaient célébré – et célèbrent toujours – depuis le temps de Moïse, en l’an 1500 avant Jésus Christ – la Pâque.



jeudi saint.lect.1.1


La Pâque juive était un jour saint que Dieu lui-même avait établi, comme nous le rappelle la première lecture. Dieu avait donné l’ordre aux Hébreux de célébrer la Pâque pour qu’ils n’oublient jamais tout ce que Dieu a fait pour eux en les libérant de l’esclavage d’Egypte et les conduisant en Terre Promise. La Pâque est un mémorial, un mémorial sacré, car il les renouvelait dans  leur relation privilégiée avec Dieu. D’une manière similaire, Jésus commande à son Eglise de continuer d’ordonner des prêtres pour célébrer l’Eucharistie.


L’Eucharistie est un mémorial de son œuvre de rédemption, par laquelle il nous a délivré du péché et ouvert la voie vers la vie éternelle. Comme mémorial sacré, elle rend présent le sacrifice éternel du Christ. Notre liturgie n’est pas seulement une photo d’un événement du passé ; elle ouvre le rideau du temps et de l’espace de sorte que l’événement du passé est rendu présent pour nous aujourd’hui.


Pourquoi Dieu tient-il tellement à nous rappeler tout ce qu’il a fait pour nous ? Il y a deux raisons à cela.


***


Nous avons besoin qu’on nous rappelle l’amour infini de Dieu qui a livré son propre Fils pour nous sauver. Les épreuves de la vie tendent à former autour de nos yeux des œillères. Disons-le franchement : la vie n’est pas facile. Nous avons pas mal  de joies et de plaisirs, mais ils n’éliminent pas nos croix. Nous vivons dans un monde de péché, plein d’injustice, de défaites. Cela fait mal, parfois. Parfois cela fait très mal. Nous-mêmes sommes des pécheurs. Nous nous mettons en colère, nous cédons à la tentation, nous nous laissons prendre dans les filets de l’injustice sous toutes ses formes. Et ensuite nous sommes incapables de concevoir que Dieu ne nous abandonne jamais et qu’il est capable de transformer nos Vendredis Saints en Dimanches de Pâques. Voilà pourquoi nous avons besoin d’aide-mémoire, tels que la belle liturgie de ce jour.


***


Mais il y a une autre raison pour notre constant besoin d’aide-mémoire : nous ne savons pas écouter. Dieu nous envoie des rappels de sa bonté, de sa sagesse, tout le temps : les splendeurs de la nature, la beauté de l’art, de la musique, la joie de l’amitié et du soin que les autres prennent de nous, la satisfaction d’un travail bien fait… Tout ce qui est bon autour de nous est un peu un miroir de l’amour, de la miséricorde et de la générosité de Dieu. Nous sommes entourés de ces aide-mémoire. Mais nous ne savons pas bien écouter. Vous avez remarqué combien facilement nous sommes distraits au moment de la prière.


Quand nous entendons la Parole de Dieu dans nos cœurs, elle nous donne du réconfort et du courage, mais cette Parole nous invite à changer nos cœurs, pour vivre une vie plus semblable à celle du Christ. Ce n’est pas toujours facile. Alors nous préférons garder la radio allumée, ou les écouteurs dans les oreilles, ou tchatcher sur nos téléphones cellulaires. Même quand nous voulons bien écouter, la pollution sonore dans laquelle nous vivons nous rend la tâche quasiment impossible. Dieu doit se battre pour se faire entendre dans tout ce vacarme. Plus il nous donne des aide-mémoire, plus il a la chance de capter notre attention. La liturgie de ce soir est un des plus beaux aide-mémoire qu’il nous ait donnés.


***


Dieu est heureux de nous voir rassemblés pour cette célébration, du fait que nous sommes ensemble pour faire « cela en mémoire de lui ». Il sait que nous avons besoin de rappels du fait qu’il prend soin de nous, qu’il ne nous a pas abandonnés, et qu’il ne nous abandonnera jamais.


Participons donc à cette célébration avec beaucoup de reconnaissance, une grande attention. Permettons à Dieu de parler à notre cœur et de nous dire ce qu’il a envie de nous dire. Continuons d’être à l’écoute tout au long de ces prochains jours, qui sont les plus saints de l’année. Cela peut signifier que nous devons prendre advantage de temps pour la prière, pour aller veiller une heure avec Jésus. Il faudra prendre du temps pour participer au chemin de croix et l’office de la Passion du Vendredi Saint, ainsi que pour la Vigile Pascale. Il peut être bon de tourner le bouton de la télévision pendant les prochaines 24 heures. Comme le disait Benoît XVI lors de sa visite aux Etats-Unis en 2008, n’ayons pas peur du silence. Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Si nous lui accordons une attention spéciale durant ces jours saints, il nous fera signe, il aura un message personnel pour chacun de nous, provenant directement de son Cœur Sacré et s’adressant à nos cœurs nécessiteux.

 

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