18 Novembre 2007
Récemment le mot Évangile a été traduit par l'expression "bonne Nouvelle". Elle sonne bien à l'oreille, mais reste très en deçà de la dimension qu'a le mot "Évangile". Ce terme renvoie au langage des empereurs romains qui se considéraient comme les maîtres du monde, ses sauveurs et ses rédempteurs. Les messages de l'empereur portaient le nom d'"évangiles", indépendamment du fait que leur contenu soit particulièrement joyeux et agréable. L'idée sous-jacente était que ce qui émane de l'empereur est un message salvifique, non pas une simple nouvelle, mais une transformation du monde allant dans le sens du bien.
Des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel.
Certains disciples de Jésus parlaient du Temple (que voilà une conversation pieuse !), admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles.
Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit.
Pour un évêque, il n’y a rien de plus risqué devant Dieu et de plus honteux devant les hommes que de ne pas proclamer librement sa propre pensée.
la chaleur et la certitude de la foi, par des initiatives et des œuvres concrètes, par la capacité de répondre aux attentes de l’époque, non par des concessions et du conformisme mais en puisant dans le patrimoine inaliénable de la vérité.
Le pape Jean XXIII est mort le jour de la Pentecôte, le 3 juin 1963. Moi aussi, je l’ai regretté, car j’éprouvais pour lui une sympathie irrésistible. J’étais séduit par ses gestes "hors des rites" et je me réjouissais de ses mots souvent surprenants et de ses remarques improvisées.
Il n’y avait que quelques phrases qui me laissaient perplexe. C’étaient justement celles qui conquéraient les âmes plus facilement que les autres, car elles apparaissaient conformes aux aspirations instinctives des hommes.
Il y avait par exemple, son jugement réprobateur concernant les "prophètes de malheur".
L’expression était devenue populaire et l’est restée. C’est bien naturel : les gens n’aiment pas les rabat-joie ; ils préfèrent ceux qui promettent des lendemains qu chantent à ceux qui expriment des craintes et des réserves. Moi aussi, j’admirais là le courage et l’élan que manifestait, dans les dernières années de sa vie, ce "jeune" successeur de Pierre.
Mais je me souviens d’avoir été saisi presque immédiatement par un sentiment de perplexité. Au cours de l’histoire de la Révélation, ceux qui ont annoncé des châtiments et des catastrophes ont généralement été les vrais prophètes, comme par exemple Isaïe (chapitre 24), Jérémie (chapitre 4) et Ezéchiel (chapitres 4-11).
Jésus lui-même devrait, d’après ce que l’on lit au chapitre 24 de l’Évangile selon saint Matthieu, figurer parmi les "prophètes de malheur" : les succès futurs et les joies à venir qu’il annonce ne concernent pas en général l’existence ici-bas mais la "vie éternelle" et le "Royaume des Cieux".
Dans la Bible, ce sont plutôt les faux prophètes qui proclament habituellement l’imminence d’heures tranquilles et rassurantes (voir le chapitre 13 du Livre d’Ezéchiel).
La phrase de Jean XXIII s’explique par ce qu’il ressentait à ce moment-là, mais elle ne doit pas être prise comme une vérité absolue. Au contraire, il est bon d’écouter aussi ceux qui ont des raisons d’alerter leurs frères, en les préparant à d’éventuelles épreuves, et ceux qui jugent utiles les invitations à la prudence et à la vigilance.
Il y a des paroisses où le chant grégorien est progressivement abandonné ; il y en a d'autres où on réapprend à le chanter. Les catholiques français n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la place qui revient au grégorien dans la liturgie. Plusieurs fois, j'ai vu des vieux prêtres me dire (à moi, un jeune !) que le grégorien était bon pour les vieux et que les jeunes n'en voulaient pas. Pour ma part, il faudrait me faire subir un lavage de cerveau pour me faire croire que le grégorien n'est pas la meilleure musique liturgique qu'on puisse trouver chez les catholiques. J'ai commencé à étudier la musique à l'âge de six ans. Ensuite, j'ai appris le piano et l'orgue. En tant qu'organiste, j'ai l'expérience de l'accompagnement liturgique. Enfin - ce qui est le plus important - je connais la plupart des chefs-d'oeuvre de la musique sacrée depuis le début du XIIIè siècle, de Pérotin le Grand à Jean-Louis Florentz, en passant par Ockeghem, Josquin, Tallis, Byrd, Palestrina, Victoria, Monteverdi, Bach, etc., et au XXè siècle, Caplet, Jolivet, Poulenc, Rachmaninov, Bloch, Zemlinsky, Martin, Messiaen, Duruflé.
Les sociologues et les philosophes disent que dans une culture démocratique, beaucoup de comportements s'expliquent par la peur de l'opinion. Cette loi se vérifie dans le domaine de la liturgie, où est obsédé par le souci de plaire aux fidèles.
On ne voit pas assez que depuis une quarantaine d'années, la nullité esthétique de nos liturgies a largement contribué à vider nos églises. Demandons aux fidèles d'une paroisse s'il faut chanter du grégorien. La plupart répondront peut-être qu'il faut abandonner les vieilles traditions.
Lorsque les pasteurs craignent de blesser ceux à qui ils parlent, non seulement ils ne les préparent pas aux tentations qui les menacent, mais encore ils leur promettent le bonheur de ce monde, que le Seigneur n'a pas promis au monde. Le Seigneur a promis au monde que peines sur peines lui adviendraient, et tu veux être un chrétien épargné par ces peines ? Parce que tu es chrétien, tu souffriras davantage en ce monde.
En effet, l'Apôtre nous dit : Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront persécutés. Maintenant, si tu préfères le pasteur qui cherche tes intérêts et non ceux de Jésus Christ, (alors qu'il dira: Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront persécutés), toi, tu dis : "Si tu vis avec piété dans le Christ Jésus, tu seras comblé de tous les biens. Et si tu n'as pas d'enfants, tu adopteras et tu élèveras tous ceux que tu voudras, et personne ne mourra chez toi". C'est comme cela que tu construis ? Regarde ce que tu fais, où tu places ta maison. Ce que tu bâtis est posé sur le sable. Les pluies vont venir, le fleuve va déborder, le vent va souffler, ils vont battre cette maison, elle tombera et son écroulement sera complet.
Abandonne le sable, construis sur la pierre, sur le Christ, puisque tu veux être chrétien. Considère les souffrances imméritées du Christ, considère-le, lui qui, sans aucun péché, restitue ce qu'il n'a pas volé ; considère l'Écriture qui dit de lui : Il châtie tout homme qu'il reçoit pour son fils. Il faut se préparer à être châtié, ou bien ne pas chercher à être reçu.
Si quelqu’un recherche par son enseignement autre chose que l’intérêt du peuple, c’est un faux prophète,disait saint Thomas d'Aquin, lui aussi, dans un sermon.