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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie pour le 13° dimanche du Temps Ordinaire B

 

13-TOB-ev.jpg

 

Entre l’'évangile du 12° dimanche1 et celui d’'aujourd’hui, un passage a été sauté. C'’est celui du possédé dans le pays des Géraséniens. Retenons simplement que le combat contre les démons fait partie de la formation des Apôtres à l’'évangélisation. Car c’est bien de cela qu'’il s’agit : Jésus est en train de préparer les Douze à leur premier envoi en mission. (Ce sera l’'évangile du 15° dimanche du Temps Ordinaire.) Avec ce passage qui a été sauté, l’'évangile d’'aujourd’hui nous présente un éventail très ramassé, mais très dense, de toutes les situations auxquelles ceux que Jésus à l’'intention d’envoyer en mission, seront confrontés : les tempêtes, suggérant toutes les angoisses qui assaillent le coeœur de l’'homme ; le combat contre les puissances du mal ; la maladie et la mort.

Les "échantillons" servant d’'exemples type sont aussi très suggestifs : les Apôtres eux-mêmes dans leur barque avec Jésus ; le Gérasénien possédé ; la fille de Jaïre déjà morte ; et une femme qui avait des pertes de sang et qui ne bénéficie guère des progrès de la médecine. C'’est plutôt la médecine qui profite de son porte-monnaie. Bref, un homme, une femme, une enfant : c'’est la mission universelle tout-terrain ! Situons bien ce passage de l’'évangile dans son contexte (cf. introduction de l'’homélie : "De l’'angoisse à la foi : quelle croisière !").

J'’insiste encore sur l'’importance du couplage de l’'enseignement de Jésus en paroles (en paraboles) et de son enseignement en actions. Le Père Tardif, qui avait un charisme évident de guérison, insistait beaucoup sur l’'importance de l’'enseignement. Il faudrait peut-être que ceux qui enseignent insistent pareillement sur l’'importance des guérisons. C’est une vérité souvent oubliée que nous a rappelée pourtant le Concile :

"Cette économie de la révélation se fait par des actions et des paroles si étroitement liées entre elles, que les œoeuvres accomplies par Dieu dans l’histoire du salut rendent évidentes et corroborent la doctrine et l’ensemble des choses signifiées par les paroles, et que les paroles proclament les œoeuvres et font découvrir le mystère qui s'’y trouve contenu. " (Dei Verbum 2)

Ce rappel est dans la droite ligne de ce qu'enseignait déjà S. Cyrille d’'Alexandrie. Même dans les oeuvres, il y a toujours un geste et une parole :

"Dès lors que le Christ est entré en nous par sa propre chair (l’'Eucharistie), nous ressusciterons entièrement ; il est impossible que la Vie ne fasse pas vivre ceux chez qui elle s'’introduit. Ce n’'est donc pas à sa seule parole qu'’il donne d’'opérer la résurrection des morts ; pour montrer que son corps donne la vie, comme nous l’'avons dit, il touche les cadavres et donne par lui la vie aux corps déjà décomposés. Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à la pourriture, quel profit ne trouverons-nous pas à sa vivifiante Eucharistie quand nous la recevons."

(Nous reviendrons sur l'eucharistie un peu plus loin.) Que ce soit pour guérir la femme hémorroïsse ou pour ressusciter la fille de Jaïre, il y a bien, en même temps qu'’une parole, un contact physique avec Jésus. Jésus "SAISIT la main de l’'enfant, et lui DIT : Talitha koum."La femme se disait : "Si je parviens à TOUCHER seulement son vêtement, je serai sauvée." Et voici la PAROLE : "Ma fille, ta foi t’'a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal."

  Ce n’est donc pas de la superstition. La femme touche avec foi. C’'est, dans toute sa simplicité et sa grandeur, la foi en l'’Incarnation. Cette foi, ne la désincarnons pas ! Nous sommes disciples du Christ, pas de Platon, ni de Descartes ! Pourquoi avoir peur des miracles ? "Ceux qui craignent les prodiges du Seigneur ont peur du Seigneur des prodiges !", disait le Père Tardif avec la logique désarmante d’e l'enfant. Peut-être ce ne sont pas les miracles qui nous font peur, mais plutôt les moqueries des autres, la peur de perdre la face. C’'est vrai : si on s'’est moqué de Jésus, on se moquera aussi de nous. Mais si ce sont les moqueries qui nous arrêtent pour aller vers Jésus, alors nous ne sommes pas dignes de lui…

Mais revenons à l’eucharistie. "Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à la pourriture, quel profit ne trouverons-nous pas à sa vivifiante Eucharistie quand nous la recevons." Ne diluons pas le réalisme de la foi de l'’Église au mystère de l’'Eucharistie en une croyance éthérée ! Celui qui a guéri la femme qui souffrait des pertes de sang depuis douze ans, celui qui a ressuscité la fille de Jaïre, est présent dans l’'Eucharistie. Pourquoi ne croyons-nous pas qu'’il guérit encore aujourd'’hui ? Le Christ de l'’Eucharistie serait-il moins puissant que le Christ de l’'Évangile ? Écoutons S. Jean Chrysostome :

"Voilà son Corps en ce moment devant nous. Non pas son vêtement, mais son Corps. Nous pouvons non seulement le toucher, mais nous en nourrir…. Approchons donc avec foi, chacun avec ses maladies."

Nos démarches de communion à la messe sont souvent trop compassées, trop stéréotypées. Aurons-nous aujourd’'hui l’'audace de la foi de cette femme, ou celle de Jaïre, quand, tout à l’'heure, nous nous avancerons pour la procession de communion ? Ste Thérèse d’Avila nous rappelle quelle était sa foi à elle :

"Nous savons que tant que la chaleur du corps n’a pas consumé les accidents du pain, le Bon Jésus reste avec nous, afin que nous nous rapprochions de lui. Puisque quand il vivait en ce monde il suffisait que les malades touchent ses habits pour être guéris, comment douter, lorsqu'’il est en moi, qu'’il fasse des miracles, si nous avons la foi et qu'’il nous donne ce que nous lui demandons, puisqu'’il habite notre maison ? Sa Majesté ne paie pas chichement notre hospitalité, si nous lui offrons bon gîte."

Voilà la question : à l’'Hôte divin, offrons-nous bon gîte ? Quelle est la qualité de notre accueil, de notre hospitalité, de notre foi ?… S. Paul dit qu'’à cause des communions indignes et sacrilèges "il y a parmi vous beaucoup de malades et d'’infirmes, et que bon nombre sont morts" . (1 Co 11, 31). N’'est-il pas vrai aussi, qu'’une bonne communion peut donner la guérison de n’'importe quelle maladie, et même la ressusciter les morts ?

"(L'’Église), dit le Catéchisme, croit en la présence vivifiante du Christ, médecin des âmes et des corps. Cette présence est particulièrement agissante à travers les sacrements, et de manière toute spéciale par l’'Eucharistie, pain qui donne la vie éternelle (cf. Jn 6, 54. 58) et dont S. Paul insinue le lien avec la santé corporelle (cf. 1 Co 11, 30). " (CEC 1509)

À Lourdes, les malades débarquent par milliers chaque semaine, grâce aux soins et aux sacrifices des brancardiers. Que faisons-nous pour amener les malades qui le pourraient à la messe du dimanche ou aux expositions du S. Sacrement dans nos paroisses ? Il n’y a aucune raison pour que les malades qui guérissent à Lourdes lors de la messe ou pendant la procession du S. Sacrement, ne puissent pas guérir ailleurs. Je vous garantis que le jour où nos assemblées dominicales seront aussi ferventes que celles de Lourdes, le Seigneur y fera les mêmes guérisons.

Tout le monde n’a pas le charisme de guérison. Mais nous pouvons être certains d’'une chose : Jésus l’'a, ce charisme ! Pourquoi ne pas l’'enseigner dans les séminaires ? Les malades et les enfants sont les invités de marque de l’'Eucharistie ! Et pour les malades qui ne peuvent pas venir à la messe, où sont les ministres extraordinaires de la communion pour aller leur apporter le Seigneur ?

Voici une confidence de Ste Bernadette :

"J'’ai eu le bonheur de le recevoir tout le temps de ma maladie, trois fois par semaine, dans mon pauvre et indigne cœoeur. La croix devenait plus légère et les souffrances douces, quand je pensais que j’'avais la visite de Jésus."

Mais alors, que cette communion ne soit pas expédiée, mais vraiment célébrée ! Que pourrions-nous faire de plus beau pour les malades que nous aimons ? Et les parents, que peuvent-ils faire de mieux pour leurs enfants, que de venir avec eux à la messe ? Quand ils les en empêchent, c’'est de la non-assistance à personnes en danger. Ces personnes, ce sont leurs propres enfants ! Et que dire du Sacrement de Pénitence et de Réconciliation et du Sacrement des malades ? Ce sont, parmi les sept sacrements, les deux "sacrements de guérison".

"Le Seigneur Jésus-Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, Lui qui a remis les péchés au paralytique et lui a rendu la santé du corps (cf. Mc 2, 1-12), a voulu que son Église continue, dans la force de l’'Esprit Saint, son oeœuvre de guérison et de salut, même auprès de ses propres membres. C’'est le but des deux sacrements de guérison : du sacrement de Pénitence et de l’'Onction des malades." (CEC 1421)

La France a battu le Brésil dans un stade plein à craquer, avec des millions de téléspectateurs. Brésil qui pleure ; France qui jubile.… Jésus a vaincu la mort et il donne la santé de l’'âme ET du corps, non pas à UN pays, mais à TOUS les pays du monde. Et pour la messe du dimanche : des églises à moitié vides ! Trouver des lecteurs, ou des volontaires pour animer les chants de la messe pendant les vacances : un vrai casse-tête ! Les fils du sport sont plus enthousiastes que les fils de la vie éternelle….


1. Cette homélie a été prononcée en 2006
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